Ça commencerait avec un flash-back,
avec une remise du premier prix de bonne conduite à la petite fille
au crane rasée de la suite, qu'on céderait à la facilité que fuit
perpétuellement Guillaume Gallienne.
Ou comment la gentillesse et la
fragilité vont être à ce point malmenées dans un monde où la
brutalité n'est que le lot commun des rapports humains.
La brutalité d'une famille tuyau
d'poêle, et la brutalité d'un premier casting, la brutalité
terriblement outrageante et la violence inouïe d'un metteur en scène
à la perversité cinglante (aux colères allemandes à la Klaus
Kinski), dont l'attitude évoque immanquablement les débordements du
cinéma d'une autre époque.
Où la brutalité s'insinue jusque dans
les couloirs glauques des administrations, par la tyrannie des petits
chefs harceleurs, où l'Art et le talent sont bafoués malgré
l'échappatoire offert un instant par les esprits du vin, la
brutalité d'une maquilleuse ayant compris que la meilleure défense
est l'attaque, et la tétanie des oiseaux blessés dans la tourmente
ainsi déployée.
Guillaume Gallienne est un auteur
romantique à l'intelligence extra' de ne pas le montrer, sachant
décrire à quel point l'alcool est la béquille irrésolue des âmes
tourmentées.
Maryline illustre à merveille un
cheminement chaotique où son démiurge a le génie de puiser les
éléments de compréhension des mécanismes inhérents au
fonctionnement des êtres hypersensibles. Et puis, comme Guillaume
Gallienne est un romantique également bienveillant, son histoire
appelle une advenue de cette bienveillance. Elle intégrera
l'enveloppe humaine d'un réalisateur désabusé, puis celle de son
actrice principale, extraordinairement interprétée par Vanessa
Paradis.
La métempsycose est achevée :
Gallienne a fini de transformer Vanessa pour en faire une Jeanne
Desmarais/Moreau dont l'hommage alors monte au Paradis, tant dans
l'allure ou la posture que dans la voix traînante, on est stupéfié !
Puis la bienveillance avance avec un
auteur de théâtre allant nous accompagner avec Maryline un peu plus
dans l'univers dont Guillaume a toutes les clefs, gardien joueur avec
les codes et les trompe-l'œil, avant de rendre au final hommage à
la forme absolue des feux que l'on met à ces planches au cœur d'une
scène improvisée.
Maryline, avec la main poignante et
délicate, incroyablement douée d'Adeline d'Hermy, nous entraîne en
un rêve éveillé, dont la part de cauchemar odieuse équilibre une
histoire aigre-douce où l'on constate avec émerveillement le génie
créatif de Guillaume Gallienne.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire