La sauvagerie du monde moderne et du
triomphant capitalisme a creusé de nouvelles tranchées sur le front
de positions politiques en guerre.
Un constat ? Plus qu'un constat :
Le rapport de force entre une entité patronale insidieusement
diffuse au sein de ses actionnaires, et la masse éternellement
laborieuse anesthésiée par un profit dont l'usage illusoire est un
leurre absolu, se distingue en tout du point de vue marxiste et
binaire appelé « Lutte des classes », afin d'instiller
de façon pernicieuse un nouveau genre de viralité que le conflit
matérialise à son degré maximal, à savoir la Guerre.
Un tel processus est le produit d'une
évolution lente et structurée, d'une dérive assurément
consanguine à la nature organisée d'une économie de marché
considérée comme incontournable option sociétale, et pourtant
génératrice objective assumée de monstruosités sociales.
On pourrait parler des immeubles
effondrés sur des ouvriers du textile asiates et des projets
d'avenir coulés dans le béton des fondations-cercueils où d'autres
immeubles iront puiser saprophytes, un jus nécessaire aux
villes-champignons, mais si l'on regarde à deux pas, si l'on se
franchouille au drame en écho dans notre « mère-patrie »,
le retour en forme de rouage est d'une implacable articulation.
Nous évoluons dans un univers
mondialisé ; de fait, en Guerre mondiale.
« En guerre » est un zoom
extraordinaire et scrupuleux porté sur une éruption locale en forme
urticante, une crise avec ses stades et sa progression pathologique,
où chaque acteur, où chaque combattant, n'est finalement de part ou
d'autre qu'un otage en première ligne offert en chair à canon du
Marché tout puissant.
Le génie de ce film est double :
il montre en premier la vanité de combats qui ne se produisent
qu'entre instrumentés, si loin de ceux qui protégés, les
manipulent. Tapez sur un flic, tapez sur un responsable RH, où sera
le changement ? Dans un second temps, ce faux documentaire a le
talent de nous ramener aux conditions humaines, avec leurs forces et
leurs faiblesses, avec leurs espoirs et leurs effondrements, mais le
Marché n'existe pas concrètement, tandis que nous humains, nous
vivons, tandis que nous vivants, nous pouvons toujours infléchir un
tant soit peu le cours de nos vies, le cours de la vie de nos
enfants, si tant est que nous donnions le sens à nos engagements qui
permet d'échapper à la manipulation.
Le génie de ce film est enfin de ne
céder en rien à la facilité, de démontrer jusqu'à sa fin qu'
« En guerre » est un titre infiniment peu vain.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire