lundi 28 octobre 2019

Tchekhov, a laugh only




"La caricature est l'hommage que la médiocrité paie au génie."
Oscar Wilde


Il est rare en l'évoquant de songer au rire ou à la bonne humeur, et pourtant l'âme slave aidant, si parfaitement brossée par Tchekhov, incline aux excès caricaturaux comme aux élans passionnels un peu plus souvent visités.
"Tchekhov à la folie" détient le mérite en cela d'offrir un échantillon lumineux de cet humour corrosif, et qu'on retrouve aussi bien au-delà des verstes ouraliennes, au cœur universel et partagé de nos sociétés mercantiles.
Aussi faut-il, afin de mener un projet burlesque à ce point dynamique et saisissant, se prévaloir autant d'une mise en scène alléchée que d'un trio d'interprètes aux performances exubérantes idéalement dosées. C'est en cela que les deux acteurs (en particulier le truculent Jean-Paul Farré) sont au diapason du Russe, et qu'Émeline Bayart a la subtilité délurée de la comédie délirante où la farce est la source irrépressible effusant du rire à son omniprésence éclatante.
On dirait qu'elle crève l'écran qui n'existe pas mais que pose un comédien banal, et souffle entre les mots de l'Auteur — en blonde à la slavitude hautement crédible — un grand plein de son état d'esprit qu'illustrent ses postures et ses mimiques irrésistibles.
Entre une "Demande en mariage" assez situationnelle et l'autre "Ours" un peu plus littéraire et caustique, un peu moins accessible et pourtant brillantissime, on déguste une représentation tantôt guignolesque et tantôt délicate, où la palette humoristique alimente à satiété nos besoins de satire et la Poésie qu'elle sous-tend.