dimanche 14 novembre 2021

Tralala

Miracle à Lourdes !

Un film étonnant, captivant, tellement différent.

Les frères Larrieu signent ici le plus beau des objets cinématograhiques impossibles à identifier.

Comédie musicale ? On dirait plutôt le tissage harmonieux de clips expérimentaux tous aussi fascinants, dans la trame impeccablement tendue d'un scénario référent au génie français du septième Art.

Un "Retour de Martin Guerre" actualisé ne peut nous échapper, tant dans ses tenants que ses aboutissants — Mélanie Thierry (déjà remarquée pour une apparition stupéfiante dans "Le dernier pour la route") y déclare en effet l'apparition d'un plaisir sexuel inattendu — dans le suspense également de savoir à la fin qui est Tralala.

Mathieu Amalric, exceptionnel, est ce clochard, "enfant du Paradis" que combat puis qu'accompagne un Denis Lavant (dans son élément plus que jamais), qui discute avec un ecclésiastique et se retrouve enrôlé dans la peau d'un fils éperdu de femmes et perdu depuis des années, poursuit cet ange apparue comme une vierge bleue qui vient de l'emmener à Lourdes.

Il y a là, dans l'extatique éblouissement provoqué par Galatéa Bellugi (la petite héroïne de "L'apparition" de Xavier Gianolli, qui garde a priori ce côté religiosité) quelque chose inhérent à l'aspect spectral, hallucinant d'Emmanuelle Seigner dans "La neuvième porte" de Polanski, ressemblance éclatante et parfaitement instrumentée.

Les chansons se succèdent alors, impeccablement structurées par les créations de Bertrand Belin, second rôle épatant de sobriété taiseuse et de présence écrasante, alliant les poésies de Jeanne Cherhal, Étienne Daho, Dominique A, Katerine évidemment !

Maïwenn et Josiane Balasko sont parfaites et contribuent à distiller le doute.

Un montage exceptionnel, une image absolument délicieuse et des chorégraphies délirantes auront tôt fait de faire de cet échec au box-office, un film-culte et qui risque au passage de rafler pas mal de statuettes.



vendredi 15 octobre 2021

CETTE MUSIQUE NE JOUE POUR PERSONNE

 Un extraordinaire OVNI d'humour absurde et de Poésie, qui la moque au départ afin de mieux la servir à la fin.

Benchetrit y va fort avec une Bande originale epousant le thème et le rythme, alliant Bashung à Voulzy, juste après "Les mots bleus"...

Distribution grandiose où Damiens joue le poète assez "viril", où le couple improbable Bouly Lanners Joey Starr renacle en grinçant délicieusement, Kervern assurant le spectacle avec une Vanessa Paradis dans un brillant contre-emploi, sous la direction d'un Bruno Podalydès hilarant, juste à côté d'un Ramzy Bédia touchant d'une absolue justesse, ainsi que Valéria Bruni-Tedeschi qui campe à la perfection la dépression toute incarnée. Sans parler de la courte intervention totalement surréaliste de Vincent Macaigne !

Une pure merveille aux rires et à la réflexion garantis, prouvant là qu'une fois encore, un métissage franco-belge en Cinéma porte un enfant d'une grande beauté.


mercredi 8 septembre 2021

Délicieux

 Un film admirable alliant la stimulation des papilles aux merveilleux paysages du Cantal, et porteur aussi d'une intrigue haletante et pleine de rebondissements.

C'est également une tranche de l'histoire (en plus de celles des gâteaux) que porte ici le réalisateur avec habileté, dans ce récit se passant aux balbutiements de la Révolution, sur une idée première et qui fera ses écoles à Paris, quand les nobles en fuite auront délaissé le personnel employé des cuisines : le restaurant.

Le Procope et d'autres, auront donc utilisé ce concept, en donnant finalement ses marques de noblesse à la démocratisation par le goût partagé, ce que décrit parfaitement le film.

Un Gregory Gadebois sombre et lumineux (mais l'a-t-on jamais vu seulement bon ?) joute avec une Isabelle Carré brillante, attachante et juste. Un Guillaume de Tonquédec acide à souhait renforce idéalement le caractère antipatique et pompeux d'un Benjamin Lavernhe assez doué pour ces rôles.

Il ne faut donc pas rater ce régal, autant pour les yeux que la bouche et l'esprit (des Lumières).