lundi 5 octobre 2009

Morgan Riet

Lorsqu'il m'arrive d'écrire, j'aime le faire en musique. Lorsqu'il m'arrive de lire aussi, mais spécifiquement en classique. Lorsque je m'adonne à Frantz Liszt, j'aime que cette lecture soit à l'aune de sa magie du piano, des contretemps qu'il sut insuffler à son art musical, et lorsque je lis Morgan Riet, je me sais être dans l'équilibre contrapuntique du verbe de l'un et de la note de l'autre.
Quel est donc le plaisir étrange que nous apporte la lecture, en particulier celle de la poésie ?
Je ne suis pas sans savoir que nous sommes peu aujourd'hui, à lire encore de la poésie... Pourtant, nombre de nous a poussé son petit quatrain, souvent comme un râle de rut, afin de séduire l'adolescente de nos désirs, ou adolescente, de ranger en son carnet secret les rumeurs rémanentes de son cœur. Mais nous restons peu à lire de la poésie.
Depuis la naissance du WEB 2.0, des efflorescences poétiques ou pseudo-poétiques furent constatées qui se fanèrent bien vite. D'aucuns se réclamèrent de Rimbaud, de Baudelaire ou de Verlaine sans jamais les avoir ni vraiment lus, ni vraiment pénétrés, sans jamais avoir conçu la perpétuation du rêve au-delà de sa propre petite prose vaine et pauvre d'absence de références réelles. Peu ont lu de la poésie...
Morgan Riet n'est pas de ceux-là !
Il débarqua un jour, ici, peut-être après la guerre, mais indiciblement riche de sa vraie illumination poétique : ce garçon débarqua pour chercher des gens qui pouvaient la partager. A le lire, cela paraît illusoire...
Morgan avait déjà écrit, avait creusé les tranchées du combattant poète qu'un siècle imbécile a rejeté au rang des sacrifiés de l'écrit pulvérulent, et des héros inconnus du verbe absolu.
Le hasard fit que nos routes se croisèrent. J'ai donc arpenté son monde, vous savez, comme on peut le faire en ingénieur méthodique, mesurant, datant, confondant les redites voulues et les spasmes littéraires des idées qui nous hantent au point d'en faire des leitmotivs obsédants, des signatures parfaites. J'ai lu la poésie de Morgan Riet, car il n'est d'autre terme que poésie lorsque son monde s'ouvre à nos neurones résistant aux pires lobotomies que lui nous épargne.
La poésie n'est pas que rimes, la poésie n'est pas que pieds, la poésie est dans l'infaillible certitude d'explorer une part de ce que nous sommes tous !
Psychologie, philosophie, poésie, rien n'est qu'une histoire d'outils et d'angle d'attaque, mais tout cela s'occupe de l'âme...
Son livre est entre mes mains. Comment choisir un chef-d'œuvre parmi tant d'autres ? L'un me touche peut-être d'un peu plus près, sans le moindre doute parce qu'il appartient aux jeunesses que nous avons TOUS partagées : « D'un peu plus loin ».
C'est l'image filtrée de nos orgies post-ado, et de leurs catastrophes conséquentes, de ce qu'en langage de bois qu'il n'utilise jamais, on nomme ici et là, les « dégâts collatéraux »...
Morgan, de tes vers en escalier que ma pauvre prose ne pourrait rendre, je me souviens d'ores et déjà d'Elle, « immense et brève, qu'il me faudra bien, moi aussi, laisser à d'autres... »
L'art d'écrire n'est pas une technique. Il demande de la technique, mais n'est pas l'application d'une mécanique bien huilée.
Et si la poésie ne se contient pas dans un succédané de règles prosodiques, mais s'ouvre aux infinis rimbaldiens de la rupture épistémologique, on peut espérer que naissent autant de branches à cet arbre que notre propre tolérance, que notre propre amour des lettres en laisse pousser !
De Rimbaud, pour ceux qui lisent la poésie, nous vécurent probablement la secousse tellurique la plus puissante qu'il nous fut donner de ressentir. Pourtant, au fin fond de ce maelström où je plongeai, je m'interroge à présent : Rimbaud a-t-il échoué ? bien sûr il y a peut-être la plus incroyable et prompte réussite littéraire de tous les temps ! Mais à quoi sert la littérature, et plus précisément la poésie, si ce n'est à comprendre le monde et à vivre ?
La poésie de mon ami Morgan Riet m'aide à comprendre le monde et à vivre.

Son ouvrage : « Lieu cherché, chemins battus »
Son site : http://cheminsbattus.spaces.live.com

5 commentaires:

Anonyme a dit…
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Michel P a dit…
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Anonyme a dit…
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Michel P a dit…
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Murièle Modély a dit…

Je partage ton point du vue...
oui, sa poésie aide à vivre :)