vendredi 3 février 2023

BABYLON

Un film absolument monumental ! Une ode au Cinéma, parlant de ses crises existentielles et des ses victimes à la fois directes et collatérales, un film haletant, mené tambour-battant par un réalisateur hyper-doué pour l'image et pour les sens cachés, clichés chocs et cachets chics, cachets cachés parfois.

Pas une seconde à jeter ! Deux jeunes interprètes éblouissants, Brad Pitt alcoolique émouvant, des seconds rôles époustouflants de qualité dans la quantité. Trois heures à sacrifier au rire, à l'angoisse, au Jazz, à la fête, à la défaite, à l'émotion.

Damien Chazelle est déjà devenu le maître absolu de ce 7ème Art encensé par ses soins. Son film est énorme : il peut choquer, perturber, déranger, mais nous convoque au festin d'une industrie maquillée par les talents naturels et suburbains des fleurs du pavé. Sa violence n'est jamais gratuite, elle est l'ingrédient nécessaire à la transmission des ressentis susnommés. Sa violence est le coup de poing dans l'estomac que nous recevons trois heures durant. Sa violence est l'expression brutale et spontanée de la nature humaine au milieu d'un univers illimité, qui pousse à la corruption dans tous les sens, du terme et du corps.

Une jolie rousse incontrôlable, un beau ténébreux introverti, le talent de Chazelle en récits d'amours inextricables est déjà bien connu...

Mais ici, la passion se magnifie par une latence incertaine ; elle emmène un spectateur avisé pourtant, vers un rivage inconnu, continent inexploré.

Lorsqu'on ressort, on cherche à mettre un peu d'ordre en ses pensées ; les clichés refluent, le KO s'atténue, les esprits se reprennent. La salle obscure est derrière, et néanmoins présente au fond du cerveau, ressurgira probablement durant longtemps.

J'ai toujours pensé qu'un film était comme un vin, qu'on devait le juger aux caudalies — ces secondes estimées d'arrières-goûts délicieux qu'il laisse au palais — dont nous jouissons. Le dernier crû Chazelle est corsé, mais grandissime.


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