samedi 16 novembre 2013

Blue Jasmine

Blue Jasmine (à voir si possible en VOST) est une divine tranche de comédie humaine idéalement mise en scène par le maître de l'art - il le confirme ici - qu'est Woody Allen ; ce n'est pas aux vieux cinéastes qu'on apprend à faire des gris masques !
Car dans cet enfin-on-l'attendait-depuis-tant-de-temps chef-d'oeuvre du magicien juif new-yorkais, tout n'est finalement qu'une histoire de masques et de contre-pieds, c'est à dire d'instruments spécifiquement propres à la comédie et remarquablement utilisés.
C'est l'écriture, à l'image d'une construction balzacienne transposée dans l'antithèse forcée du trait entre New-York et la Cité des Anges, qui rend ce miracle possible : tissu couturé de flash-back orchestrés savamment, causalement et non chronologiquement, merveilleux labyrinthes où l'on se perd avec les acteurs et les faiblesses humaines qu'ils endossent. Et là ! Là, s'ils sont tous diablement bons (notamment l'odieux Alec Baldwin dans un sulfureux rôle de gros comedy-maker pourri), on trouve comme un diamant dans son écrin, la quintessence du miracle : Jeanette alias Jasmine alias Cate Blanchett. Elle est tellement juste et tellement évidente, qu'on en vient à douter qu'elle joue le rôle de cette brillante bourgeoise déchue. Sincèrement, j'en doute ; il me semble qu'elle s'est laissée aller à me rendre témoin de sa dépression, de ses délires, de sa classe éclaboussée, mais également de cette ineffable beauté qui fait d'elle un oiseau bien inadapté dans l'art de ramper.
Quoiqu'il en soit, cette pauvre Jasmine bleue n'a pas fini de me faire cogiter à cette ineffable beauté résidant dans notre plus profonde humanité.



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