mercredi 16 janvier 2019

"LETO"



Létal ou létaux, le blé, l'ivraie, l'ivresse ou les sons de « LETO » ?
C'était au temps que le mur fleurissait de ses grappes de munitions, que Nina Hagen était mon passeport vers Öst-Berlin, et que les russes Zoopark et Kino n'étaient qu'apparemment de pâles ersatz du punk occidental... À quatorze ans, je les écoutais pourtant, bien avant qu'ils ne se perdent au plus profond du labyrinthe harmonique intime en ma mémoire.
Une baguette invraisemblablement magique agitée par le chef Serebrennikov a fait passer Micha de l'autre côté du miroir, atteint sans tain depuis le Velvet et Lou Reed, en direction de merveilles au pays de Juliette et de poètes en lapins blancs sur fond noir.
On chambre noire une image ultra-murale imitant Wharol et sa Factory, dans Moscou couverte en zinc à la façon de Paris — « Paris, Moscou, New-york ou Berlin... » — la belle égérie qui ressemble à Nico (mêmes causes et mêmes effets?), le poète un peu fou que les slaves ont conservé — Tzara, Vian, Wharol ? — et que la France en intra-veineuse injecte avec ses mots, ses mots si proches et tant amoureux de la langue russe.
On aime à la folie, ça couture et ça déchire. Aucun amour absolu n'étant, la couture est de travers. En sachant ça, je me sens russe et décalé, cousu d'un travers absolu. Fraternité.
Serebrennikov est un cinéaste humaniste et fraternel. Il transpose idéalement cet horizon baudelairien sur la toile infinie de la jeunesse avide et carnivore. Il en résulte un chaos suturé parfaitement maîtrisé, des questions sur l'âme et sur la validité de nos désirs, un peu de déchets dans la cigarette et l'alcool, et l'espoir impermanent que ceux partis le sont pour notre bienvenue.
Kirill Serebrennikov est le chantre intrépide enfin d'un discours indépendant, d'une pensée libre et d'un point de vue libertaire à mes poumons nécessaire, ainsi qu'une énorme bouffée d'air.
Il est engeôlé par notre ami Poutine.

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